
Ce reliquaire de la duchesse de Bretagne et double reine de France est fait d’un écrin d’or, d’émail et de bois avec une fine couronne d’or. La duchesse elle-même avait commandé la confection de cet objet afin que son cœur repose auprès de ses parents à Nantes, puisque son corps devait être enterré dans la basilique de Saint-Denis, là où reposent les rois et reines de France. Cette inestimable pièce vedette avait été volée de la collection en 2018 lors des travaux de rénovation, mais la police locale l’avait retrouvée quelques jours plus tard. Retour sur l’incroyable histoire de cet écrin.
L’écrin funéraire du cœur d’Anne de Bretagne
L’écrin du coeur d’Anne de Bretagne est une pièce emblématique du musée Dobrée, présent dans ses collections depuis son ouverture. Ce magnifique objet d’orfèvrerie renfermait le coeur d’Anne de Bretagne dans un écrin fait d’or, d’émail et de bois et surplombé d’une fine couronne, elle aussi en or. Sur ces deux faces, nous pouvons y lire des inscriptions en lettre. Les recherches historiques n’ont pas permis d’établir avec certitude le nom des auteurs du cardiotaphe, car aucun poinçon de maître n’a été ajouté sur l’objet.

Le vœu de la duchesse Anne de Bretagne
L’écrin a été commandé par la duchesse Anne de Bretagne de son vivant afin que son cœur repose auprès de ses parents à Nantes. Selon la tradition, son corps doit rejoindre la basilique de Saint-Denis où reposent les rois et reines de France. Après sa mort en 1514, son cœur est retiré et scellé dans ce magnifique écrin. Il est ensuite transporté en grande pompe, par un convoi funéraire composé de ses conseillers et hérauts d’arme de Blois à Nantes, pendant près de deux mois. Il rejoint le tombeau de ses parents au sein du couvent des Carmes le 19 mars 1514.
Au 18e siècle, après des suspicions de disparition, les autorités nantaises demandent l’ouverture du tombeau afin de vérifier la présence du cœur. L’écrin est bien présent dans le tombeau mais le cœur s’est liquéfié. L’écrin retourne alors dans le tombeau jusqu’à la Révolution française.
Péripéties à travers les siècles
À la Révolution, il fait partie des derniers biens de l’Église saisis. Transporté à Paris, il est sauvé de la fonte et rejoint les collections de la Bibliothèque nationale. Il y est présenté au sein du Cabinet des médailles. Après de nombreuses négociations entre l’État français et les autorités nantaises, il est rendu à la Ville de Nantes et à la Société archéologique de Nantes et de Loire-Inférieure. Il sera exposé de 1886 à 1896 à la chapelle de l’Oratoire, siège du musée archéologique départemental. Il rejoint en 1896 le site du musée Dobrée, à la faveur de la fusion entre ce dernier et le musée archéologique. Depuis lors, l’écrin funéraire d’Anne de Bretagne fait partie des collections du musée Dobrée.
Après la fermeture du musée pour rénovation, il est présenté dans différentes expositions hors les murs. En 2018, à l’occasion d’une de ces expositions, il est volé avec d’autres objets exposés. Il est retrouvé quelques jours plus tard par les autorités locales. Véritable emblème du musée, il sera présenté pour la première fois depuis cet événement à l’ouverture du nouveau musée Dobrée.
Source : Musée Dobrée