Le rôle de Nantes dans les expéditions négrières

Nantes, aujourd’hui connue pour sa richesse culturelle et son dynamisme économique, possède une histoire marquée par son rôle central dans le commerce triangulaire et la traite des esclaves. Durant les XVIIIe et XIXe siècles, la ville portuaire est devenue un acteur majeur des expéditions négrières, participant activement à ce sombre chapitre de l’histoire.

Nantes et le commerce triangulaire

Le commerce triangulaire est un système commercial transatlantique qui se décompose en trois étapes principales : le départ des navires de l’Europe vers l’Afrique, l’échange de marchandises européennes contre des captifs africains, puis le transport de ces captifs vers les Amériques où ils sont vendus comme esclaves, et enfin le retour en Europe avec des produits coloniaux (sucre, café, coton, etc.).

Nantes, avec son port situé sur l’estuaire de la Loire, a su tirer profit de sa position géographique avantageuse. Dès le début du XVIIIe siècle, la ville se lance dans la traite négrière. Entre 1707 et 1793, Nantes arme environ 1 744 expéditions négrières, représentant près de 42 % des expéditions françaises (soit 6% des expéditions européennes). En un peu plus d’un siècle, les navires nantais auront transporté plus de 550 000 captifs noirs vers les colonies. Cela place Nantes au premier rang des ports négriers français.

Les acteurs nantais de la traite

La prospérité économique de Nantes durant cette période repose en grande partie sur des armateurs et négociants qui investissent dans les expéditions négrières. Des familles comme les Chaurand, les Montaudouin, ou les Cossart s’enrichissent considérablement grâce à ce commerce. Ces armateurs financent l’achat de marchandises destinées à l’Afrique (textiles, armes, alcool), organisent les voyages et se chargent de vendre les captifs dans les colonies.

L’impact économique et social

La traite des esclaves a un impact considérable sur l’économie nantaise. Les profits générés par ce commerce permettent à la ville de se développer rapidement. Nantes voit l’émergence de somptueuses demeures et d’infrastructures portuaires modernes. La ville devient également un centre bancaire et commercial important. Cependant, cette richesse repose sur une exploitation humaine inhumaine et brutale, entraînant des souffrances indicibles pour des millions d’Africains.

La fin de la traite et la mémoire

La traite des esclaves commence à être remise en question à la fin du XVIIIe siècle. Les idées des Lumières, l’abolition de l’esclavage en Grande-Bretagne en 1807, et les révoltes d’esclaves dans les colonies françaises accélèrent ce processus. En France, la première abolition de l’esclavage est décrétée en 1794, mais sera révoquée par Napoléon en 1802. Ce n’est qu’en 1848, sous l’impulsion de Victor Schœlcher, que l’abolition définitive de l’esclavage est proclamée.

Aujourd’hui, Nantes reconnaît son passé et cherche à en faire mémoire de manière responsable. Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, inauguré en 2012, est un lieu de réflexion et d’éducation. Ce mémorial rappelle l’importance de la mémoire collective et de la reconnaissance des erreurs du passé pour construire un avenir plus juste et égalitaire.

Conclusion

Le rôle de Nantes dans les expéditions négrières est indéniable et a laissé une empreinte durable sur la ville. Si ce passé est sombre, la reconnaissance et la commémoration de cette histoire permettent de ne pas oublier les souffrances endurées et de sensibiliser aux enjeux contemporains de l’égalité et des droits humains.