Le Greenwashing le plus pitoyable de l’année


La contestation ignorée

Dès le rendu du projet, les critiques sont nombreuses, notamment dans le camps des militant-es écologistes. Les vrai-es écolos, pas les carriéristes d’EELV qui siègent à la mairie. L’urbanisme socialiste est depuis longtemps connu pour être une arnaque sans nom, de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes aux arbres “connectés” et métalliques pour remplacer les vrais arbres vivants. Les environs de la place du Commerce avaient d’ailleurs déjà été défigurés par le passé, notamment par la construction d’une énième enseigne commerciale à la place d’une fontaine entourée d’arbres.

Dans les médias dominants, pourtant, c’est la joie : la nouvelle Place du Commerce sera inaugurée en grande pompe, l’ancienne station de bus remplacée par “des promenades végétales” écrit Ouest-France. Toute critique est rendue inaudible.

Lors de l’inauguration, quelques trublions tentent tout de même gâcher la fête et demander à Johanna Rolland où sont passés les arbres sur cette place minérale, aussi sécuritaire qu’austère. Réaction : la police municipale déboule illico pour faire taire les voix qui s’opposent à la bonne humeur unanime. La mairie n’a pas payé des millions d’euros en communication et stands de découverte pour que les gens tirent la gueule.

Le résultat : un désert urbain

À l’usage pourtant, la place est vivement critiquée pour les usagers et usagères. Désespérément vide, l’objectif de la mairie est tristement rempli : les gens passent mais ne s’y arrêtent pas. Sous l’œil inquiétant des caméras de surveillance et des policiers qui y stationnent en permanence, les gens se dépêchent de traverser ce désert urbain, évitant les petits dénivelés invisibles sur ce granit grisâtre.

On trouvait autrefois un fleuriste, véritable institution nantaise, qui était situé au cœur de la place et qui rythmait la vie du lieu. Le magasin plein de verdure a désormais disparu au profit d’un immense cube gris et métallique servant d’entrée pour le parking souterrain. Le cauchemar saute aux yeux de la population se plaignant de plus en plus ouvertement de l’aménagement atroce. Pire, les inquiétudes sécuritaires sont toujours aussi vives, la nouvelle place ne remplit même pas ce rôle qui était pourtant l’essentiel du projet de Johanna Rolland. Quand on crée des zones urbaines sans vie, sans liens, c’est précisément le terreau de la violence. Les urbanistes le savent depuis plus de 60 ans.

Démocratie rétro-participative

Face aux critiques, un an plus tard, la maire de Nantes rétropédale et, dans un article dont seuls les pires chiens de garde ont le secret, annonce que la place sera à nouveau modifiée. C’est une sorte de démocratie participative, mais avec un an de retard. Une démocratie rétro-participative, qui donne encore le beau rôle à l’édile nantaise alors qu’elle est la première responsable du désastre. Ouest-France n’est pas un journal, c’est un bulletin municipal.

Bonus : le foutage de gueule

Depuis cette semaine, la place a donc été verdie de nouveau. Des arbres y ont été installés afin de contenter les nantais-es, qui pourront bénéficier d’un peu d’ombre pendant l’été qui arrive. Sauf que… le pitoyable greenwashing n’a pas dû coûter trop cher. À peine quelques arbres dans des pots scellés au-dessus du granit, trois bacs à fleurs de jardin : une misère… temporaire ?

par Contre-Attaque

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